© Les Caramels Fous

Sous le vernis glam, la société parfois dure

Avec Il était une fois complètement à l’Ouest, les Caramels Fous nous font rire et nous montrent la société telle qu’elle est à travers un musical burlesque dans un village du Far West américain en 1890. Sous la chaleur du désert (et dans celle du théâtre Dejazet), arrive le nouveau barbier de cette ville, Luke, orphelin à la recherche d’un travail et de ses racines. Son arrivée perturbe la communauté aux nombreux secrets.

Après plus de 30 ans d’existence, la troupe des Caramels fous rencontre toujours autant de succès alors qu’elle retrouve son théâtre d’origine, le théâtre Dejazet du boulevard du Temple. Vingt ans après Il était une fois Tatahouine, ils reviennent pour présenter Il était une fois complètement à l’Ouest qui reprend parfaitement ce qui a rendu cette troupe amateur célèbre : des reprises parodiques de chansons internationales connues. Et ça fonctionne plutôt bien, on est divertis et la salle rit bien volontairement – même si on la sent conquise avant même le lever de rideau.

Alors ce rire vient d’un comique très varié et bien senti, du comique de situation, du quiproquo, des costumes à foison. Il faut d’ailleurs rappeler que la troupe est exclusivement masculine donc les hommes jouent les rôles féminins qui ne sont parfois pas si féminins que cela. Le maquillage, les costumes et les décors (Thierry Quessada) sont excellents et on peut sentir qu’il y a une équipe créative hyperactive derrière ce musical avec une utilisation d’accessoires très intéressante (des trottinettes, des cerceaux, des cordes à sauter, etc), des chorégraphies étudiées (Alma de Villalobos), et des paroles bien senties (Antony Puiraveaud). La grande majorité des scènes se déroulent dans le Crazy Pony Saloon plus vrai que nature et dans lequel on découvre les girls et « les hommes virils mais parfois sensibles et doux ».

Alors oui, ça se veut léger et ça fonctionne on rit bien mais les idées comme les apparences sont parfois trompeuses et les thèmes ne sont pas si légers que cela. Les débats français du Mariage pour Tous, la question du masculin/féminin et plus généralement de l’altérité sont au centre de ce musical qui exploite les thèmes du machisme avec une jolie parodie de D.I.S.C.O. mais également des discriminations par exemple envers les Amérindiens, avec la propriétaire du saloon, au final la plus civilisée de tous mais « qu’on traite de sauvage ». Donc sous couvert de rire, de paillettes et ballons, on parle ici de sujets sérieux.

Alors oui les chorégraphies manquent de précision dans l’exécution mais grâce au nombre d’acteurs (en tout une trentaine), l’effet de groupe cache ces petites imperfections. Bien sûr également que les notes ne sont pas toujours justes (mais on souligne l’excellente performance de Jérôme Cuvilliez qui tient le rôle du barbier baryton Luke). C’est aussi du burlesque, donc ce n’est pas forcément très fin, voire assez limite niveau goût parfois (par exemple la scène du rasage de Billy).

Mais le moment est très agréable, divertissant et sérieux à la fois. Cette troupe amateur n’a aucune raison d’envier des shows professionnels et recueille un succès mérité devant une salle comble.

On ne peut qu’encourager à aller voir ce spectacle puisqu’ils reviennent du 21 au 31 mai!

Pour réserver, rendez-vous directement ici (meilleurs tarifs sur le site du théâtre sauf opération promotionnelle)

Le théâtre Dejazet se situe au 41 boulevard du Temple, métro République.

alma de villalobos