Les principaux écueils évités, le musical est divertissant mais inégal

Flashdance: le Feu de la danse réchauffe sans embraser

On s’assied, on attend le début, des scènes en tête. Difficile d’aller voir un show sans idées de ce que l’on voudrait voir. Et c’est d’autant plus inévitable quand on voit l’adaptation d’un film musical sur scène.

Alors on attend et le spectacle commence. Laborieusement. Mollement. Le choix de bande son au début est questionnable (Detiant de Weval, si si vous savez la musique de la pub Schweppes avec Penélope Cruz) suivi d’un premier Flashdance… What a feeling live assez moyen et de scènes assez peu réussies. La première scène dans l’usine est molle avec un manque de précision dans les chorégraphies, chose malheureusement assez récurrente dans ce spectacle. C’est mignon mais pas le départ fort qu’on aurait pu attendre. Bref, on oublie le début (tout comme on oubliera le début mou du second acte, à croire que l’on veut nous faire mal aimer ce musical) et on se lance dans l’histoire.

Proche du film, la version musical parisien mise en scène par Philippe Hersen évite l’écueil de la francisation en mixant parfaitement chansons francophones et anglophones; pas de traduction pour Maniac ou Flashdance… What a feeling et pas de déception – comme on a pu le ressentir dans Le Bal des Vampires à Mogador et Total eclipse of the heart de Bonnie Tyler traduite maladroitement. La bande originale créée par Giorgio Moroder (qui sort par ailleurs ces jours-ci un titre avec Kylie Minogue) largement récompensée à l’époque (Oscar et Golden Globe pour la meilleure chanson originale pour Flashdance… What a feeling et Golden Globe pour la meilleure musique de film pour Flashdance) reste toujours excellente chantée en live !

Si le musical du Théâtre du Gymnase évite avec brio ce premier écueil, les premières scènes laissent à penser qu’il répète quelques défauts du film américain de 1983 d’Adrian Lyne : une histoire faible (on ne blâmera pas l’équipe parisienne pour cela) et une succession de tableaux qui ressemble à des clips musicaux enchainés. Les premiers tableaux laissent une impression d’enchaînement de scènes vaguement liées, sans intensité ni rebond d’une scène à la suivante. Mais au final ça se tient, on note les quelques références assez intéressantes comme à MTV qui a largement bénéficié et contribué au succès de Flashdance en étant lancée au même moment en 1983-84. Les chansons en français sont bien écrites et avec un bon arrangement musical, rien à redire de ce côté-ci.

Côté artistique, la production au Théâtre du Gymnase est quand même très inégale. Les costumes sont bons (le body, le pull à col large, les tenues de scènes, tout y est). Les décors ne sont pas à couper le souffle mais pas mauvais pour autant (même si l’abus de projection de décor sur écran nuit à la santé, notamment les scènes dans le loft d’Alex). Les chorégraphies sont intéressantes, particulièrement la chorégraphie masculine sur Manhunt. On notera l’utilisation des cordes à sauter dans le show d’Alex au Harry’s bar qui tombe à plat quand utilisées « classiquement » mais beaucoup plus intéressantes par la suite. On notera également la première scène devant la Shipley Academy avec un joli combo première chanson en style hiphop (bien qu’un peu longue) et seconde avec le solo d’Alex accompagnée d’un couple de danseurs classiques, très bien exécuté !

Priscilla Betti chante bien dans ce musical et fait des efforts sur la danse et parvient à un bon résultat même si elle n’a pas l’air de se faire plaisir sur scène, et son jeu d’actrice n’est pas encore totalement là. Mais on rappellera que Jennifer Beals qui tenait le rôle-titre dans le film de 1983 s’est fait doubler par 3 personnes différentes pour réaliser ses scènes : une danseuse professionnelle (la Française Marine Jahan), une gymnaste et un danseur de break dance… Donc plutôt une belle performance pour Priscilla. A noter qu’elle ne chante du coup pas la plupart des chansons phare, que Kania Allard interprète magistralement donc un mal pour un bien !

Gaetan Borg qui tient le rôle de Nick n’est pas mauvais mais ne brille pas non plus totalement, il joue bien et chante plutôt correctement même s’il doit parfois forcer sur certaines notes, ce n’est certainement pas la puissance qui lui manque, juste une question de tessiture mais il fait le job !

Niveau second rôle, disons qu’il y a à boire et à manger. Kania Allard est sûrement la meilleure sur scène tous rôles confondus : sa voix est toujours exceptionnelle particulièrement sur Maniac dans le premier acte (on avait déjà pu l’entendre chanter avec plaisir dans Sister Act à Mogador) elle joue justement, au top. Les autres seconds rôles sont assez passables même s’ils ne sont pas désagréables il n’y a rien de transcendant. Les danseuses et danseurs qui accompagnent sont globalement d’un très bon niveau même si parfois, un manque de précision se fait sentir.

En bref, on passe un agréable moment, on n’est pas déçu même si rare sont les personnes sur scène qui savent parfaitement allier jeu d’acteur, chant et danse. Mais l’ensemble reste d’un bon niveau. On est venu avec des images en tête on repart en ayant vu les têtes se redresser aux premières notes de Flashdance… What a feeling, les yeux rivés sur la scène, pleins d’attention, se remémorant des scènes d’un autre temps. Ça vaut le coup.

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Ci-dessous le trailer du show :

Teaser (assez mauvais et non représentatif) de Flashdance au Théâtre du Gymnase

gaetan borg