Le théâtre Clavel tente l'expérience du musical. Quatre acteurs, une intrigue classique du triangle amoureux, ce n'est pas l'originalité de l'histoire qui nous fait apprécier ce musical, mais plutôt son dynamisme, le rire qui nous saisit. Un agréable moment.

Affiche du polar musical, La Chatte Bleue

Ils ne sont que quatre comédiens sur scène dont un qui ne dira mot de tout le spectacle mais qui est peut-être le plus présent. On pourrait avoir peur de la pauvreté, de la solitude, mais non. La bonne utilisation de l'espace, les maigres décors optimisés (et très bien réalisés particulièrement une Tour Eiffel multi usages), les jolis costumes, nous font suivre avec enthousiasme les aventures de la dangereuse Anthea Washington meneuse de revue à la fâcheuse tendance assassine, encouragée par son jaloux acolyte Valentin et accompagnée de son pianiste qui interagit sans parler et contribue, en mime, à l'intrigue.

La seule membre féminine de la troupe, Nadine Girard, joue avec une forme de complicité avec la salle qu'elle envoûte de son captivant regard, elle nous fait rire et nous émeut même. Ses costumes très années 30-40 ajoutent à la nostalgie de son rôle de diva qu'elle interprète magnifiquement. Son acolyte et complice Valentin interprété par Nikola Takov assume les rôles les plus originaux en tenue, par exemple de chatte bleue - on avouera que ce passage n'est peut être pas nécessaire à la trame narrative mais il a le mérite d'être divertissant. Seul et ainsi vêtu, il joue une scène qui aurait pu être ridicule mais au final tient la route, interprétée avec beaucoup d'autodérision. Cet étrange duo se retrouve poursuivi par l'acteur Fredy Renaud qui joue Marcel Richard, policier crooner recruté en espion et qui se prend au jeu du music Hall et tombe amoureux de l'attractive Anthea elle-même au demeurant pas insensible à son charme. Egalement bien interprété et divertissant, ce rôle fonctionne même s'il est sans doute le moins intéressant de la pièce.

Alors peut être aurait-il mieux valu ne pas avoir de chants en anglais et jouer la carte du Montmartre classique de ces années-là avec uniquement des titres francophones, la langue de Shakespeare n'étant pas forcément le fort des acteurs sur scène. Le chant en general est peut être moyen même si une bonne utilisation du chanter parler rend la chose marginale, une voix un peu forcée de temps en temps sonne un peu amateur sans pour autant gâcher le spectacle.

Au même titre que le chant, la danse (de Ogun Jacorau), on le sent, est maîtrisée par les comédiens mais les deux passages en tango, tout à fait pertinent dans le cadre de l'intrigue fondée sur une incessante attraction/répulsion, manquent au final de dynamisme et de précision dans les gestes ce qui accentueraient ainsi la violence des sentiments ressentis. C'est un détail.

Au final ce que l'on préfère sans doute est la mise en scène de Guillaume Ollivier Berno, créative en termes de bruitages, de lumière (Camille Pozé), de sons et d'utilisation des accessoires (notamment les traditionnelles plumes d'autruche des cabarets). On est séduit par les enchaînements et l'écriture qui, même si la trame reste classique, ne nous déçoit pas. Le petit intermède-mise en abyme de la pièce du cabaret nous rappelle également le célèbre musical Le Roi et Moi notamment sur la thématique orientaliste et exotique. Si la référence est voulue, elle est bien sentie.

C'est donc une agréable surprise que cette pièce dans la quelle le trio ou devrait-on dire trouple d'acteurs principal nous ravit accompagné de leur mime pianiste. Bien qu'amateur par certains aspects, La Chatte Bleue est d'un très bon niveau et vaut un petit tour du côté des Buttes Chaumont!

Ambiance cabaret des années 30s au théâtre Clavel

La Chatte Bleue, un polar musical, au théâtre Clavel (Paris 19ème), jusqu'au 29 avril les mardis et mercredis à 21:30.
Plein tarif 20€, tarif réduit 15€, offres promotionnelles possibles sur certains sites (billetreduc.com par exemple)